Lettre à ma belle-fille catholique pour lui expliquer le protestantisme d’Antoine Nouis, ed. Labor et fides, 2016, 113 p., 14 euros.
Un livre, court, précis, écrit dans un style clair et didactique. Soli Deo Gloria, sola gratia, sola fide, sola scritura. La foi seule, Dieu seul, l’Ecriture seule. Tel est le Credo des protestants. Mais aussi Luther, la fameuse question de la justification, l’histoire, mouvementée et souvent sanglante, du protestantisme en France et enfin ce qui nous unit et ce qui nous sépare.
Pour les épris de la Parole de Dieu, voici un joli petit aperçu. « Un professeur de Nouveau Testament racontait qu’il était un universitaire et qu’il étudiait la Bible en scientifique. Quand il avait un article à écrire sur un passage biblique, il prenait le texte grec puis étudiait chaque mot pour voir ses autres apparitions dans le Nouveau Testament ainsi que dans la littérature extrabiblique. Puis il travaillait le contexte et les conditions de rédaction du texte. Il lui fallait pour cela environ deux semaines de travail. Quand il avait fini, il téléphonait à sa grand-mère qui élevait les chèvres dans les Cévennes, qui avait appris à lire dans la Bible et qui la lisait tous les jours. Il lui demandait son interprétation du texte et, en général, elle avait compris tout ce qu’il avait découvert. Il concluait en disant à ses étudiants : « Si vous voulez connaître la Bible, soit vous faites cinq ans de théologie en travaillant sérieusement les langues anciennes, soit vous la lisez tous les jours pendant cinquante ans ! » » (p. 24).
Quant à la question fondamentale de l’œcuménisme, tant désiré au Concile Vatican II, l’auteur l’aborde avec une grande justesse en dernière partie : l’« œcuménisme de l’hospitalité » d’abord puis celui de la « dispute théologique ». Un œcuménisme qui semble malheureusement s’enrayer un peu ces derniers temps. De très beaux extraits, notamment de pères du désert, émaillent l’ensemble de l’ouvrage. Dont celui-ci, profond, du Cardinal Ratzinger concernant notre séparation : « Même si les divisions d’abord une œuvre humaine qui relèvent de la culpabilité des hommes, il y a en elles aussi une dimension qui correspond à une volonté divine. C’est pourquoi notre repentance et notre conversion ne peuvent les surmonter que jusqu’à un certain point. Quant à savoir quand nous n’aurons plus besoin de cette déchirure et quand disparaitra sa nécessité, Dieu seul en décidera : c’est lui qui juge, c’est lui qui pardonne... N’est-ce pas bon à bien des égards pour l’Eglise catholique, en Allemagne et ailleurs, qu’il y ait eu, à côté d’elle, le protestantisme avec son attachement à la liberté, avec sa piété, avec ses divisions et ses hautes exigences intellectuelles ? … Inversement, pourrait-on concevoir le monde protestant à lui tout seul ? Les affirmations du protestantisme, et en particulier sa protestation, n’existent-elles pas justement en référence au catholicisme, au point qu’il pourrait difficilement s’imaginer sans ce dernier » (cité p. 12). Exemple de plus que du mal, Dieu est toujours capable de tirer un grand bien.
Antoine Nouis vient d’écrire un autre livre à recommander chaudement : Nos racines juives, ed. Bayard, 2018, 147 p., 14,90 euros. Comment aimer, comprendre le Christ sans savoir qu’Il était juif ? Jésus est la réalisation d’une attente qui a su traverser les siècles. Aussi au terme « Ancien Testament » l’auteur préfère-t-il celui de "Premier Testament", car, il est au fondement et donc fondamental. Un Testament à comprendre loin de l’hérésie de Marcion au IIe siècle, qui voulait l’abroger et du Coran, qui l’a changé au profit de Mahomet. La Bible est à lire et à aimer dans son unité, tout s’éclaire et les citations du « Premier Testament » sont nombreuses dans le Nouveau. Quant à l’herméneutique juive, elle offre des possibilités d’interprétations merveilleuses de la Parole, sans cesse nouvelles. De fait, la question qui nous importe le plus est toujours celle-ci : « Que te dit-elle ? », « Quel sens a-t-elle pour toi aujourd’hui ? ». Abraham, Moïse, l’Ecclésiaste ou Job autant de figures existentielles qui ont à nous dire aujourd’hui. « Je ne connaissais te que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (Jb 42, 5).