Voici un livre très bien documenté qui étudie le sujet des nouvelles spiritualités sous tous ses aspects, psychologiques (développement personnel…) aussi bien que scientifiques (médecines alternatives) jusqu’à ses formes les plus extrêmes (magie), tout en les mettant dans la perspective chrétienne.
On s’y perd un peu parfois tellement ce livre foisonne, mais heureusement des tableaux comparatifs des principes de l’ésotérisme et de la doctrine chrétienne aident à se repérer.
Quoi qu’il en soit, l’objectif principal est de
comprendre pourquoi ces spiritualités prennent un tel essor aujourd’hui au détriment de la religion catholique qui a pourtant fondé notre civilisation.
Certes, ces nouveaux mouvements ésotériques se développent avec d’autant plus de facilité qu’ils évoluent sur le terrain d’une Eglise blessée et fragilisée, mais ils trouvent surtout un terrain favorable qu’offre la post modernité, qui se définit par
- Un accroissement de l’individualisme et une sacralisation de la liberté de choix
- Un relativisme et un subjectivisme de la pensée caractérisant l’ère de la post-vérité
- Le primat de l’émotion sur la raison
- Le primat de l’expérience personnelle et la perte du rapport au réel
- Un refus du contrôle institutionnel sur un plan politique, éducatif, religieux
- Une quête exacerbée de bonheur immédiat ou d’épanouissement personnel
- Une grande fluidité des appartenances religieuses, des croyances sur mesure, un bricolage spirituel
- Une conviction qu’il est possible de se transformer soi-même par des techniques appropriées : méditation, yoga, etc.
- Une recherche d’unité et de syncrétisme : croyance en la convergence des religions en une conscience planétaire
L’ésotérisme se réfère en effet à une connaissance primordiale oubliée qu’il faudrait retrouver par voie d’initiation.
Il repose également sur une vision cyclique du temps où les réincarnations successives offriraient à l’homme une voie de perfectionnement pour atteindre l’illumination et se fondre dans le cosmos.
D’ailleurs la seule responsabilité de l’homme est centrée sur ce cosmos qui est déifié : la déesse mère Gaïa supplante en effet le Dieu patriarcal judéo-chrétien, avec sa bonne vieille morale remisée au placard ; plus de notion de bien et de mal, pas de péché non plus, et donc pas de Rédemption !
On se sauve tout seul.
Mais rien de nouveau sous le soleil… En effet, si l’on y regarde bien, ce sont des résurgences sous différentes formes, des hérésies gnostiques des premiers temps du Christianisme - condamnées comme telles par les Pères de l’Église notamment par Saint Irénée qui dénonce la Gnose au nom menteur - où Dieu finalement n’a pas grande importance tant il est réduit à la mesure humaine.
C’est pourquoi l’on préfère parler de spiritualité, qui évoque une libre expérience personnelle, plutôt que de religion, qui évoque à la fois le caractère institutionnel d’une communauté, et une vérité révélée par un Dieu transcendant en qui il faudrait croire.
Dieu est en effet perçu comme une énergie cosmique sur laquelle se brancher puis se fondre, mais pas du tout comme une personne distincte avec qui entrer dans une relation d’amour, ce qui est beaucoup plus exigeant.
Si la figure du Christ reste un modèle spirituel, c’est comme un principe abstrait, une conscience christique qui se serait incarnée dans de nombreux maîtres : Jésus, Bouddha ou Mohamed ; pas du tout comme un Dieu fait homme venu donner sa vie pour notre salut.
On le voit, on est bien loin du plan de ce Dieu d’amour qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1Tim 2, 4)
La vérité que Dieu nous offre n’est pas une simple connaissance, une gnose, mais elle est une parole de vie, une parole qui vient nous libérer de tous nos esclavages.
« La vérité vous rendra libres »