Être un « bon chrétien » c’est une formule qui fait sourire et évoque avec ironie le pharisien satisfait de lui même, qui se persuade d’être le dernier juste…
Que ce soit dans un réflexe identitaire - qui est la fausse pureté ( à droite ) -
ou dans la tentation de tolérance tout azimut - qui est la fausse miséricorde ( à gauche ) -
Mais qui est toujours une illusion, une fuite du réel et de son exigence.
Car le vrai « bon chrétien » c’est celui qui n’est pas meilleur que les autres, mais qui ose justement l’aventure du réel , qui ose viser haut dans le monde que Dieu nous donne, pour accomplir sa vocation , sa seule raison d’être, son seul désir en fait : celle d’être un saint
Il n’y a qu’une tristesse disait Leon Bloy c’est de ne pas être un saint
Dieu ne cesse d’ailleurs de nous rappeler à longueur de Bible que nous serons heureux que si nous sommes saints
Soyez saints, car moi le seigneur, votre Dieu, je suis Saint ( Lv 19,2 )
résonne avec les Béatitudes …. « Bienheureux êtes vous …. »
Le vrai « bon chrétien » n’a donc rien à voir avec le bon pratiquant qui suit un culte ou une règle pour être dans la sécurité bourgeoise de la bonne conscience mais bien plutôt avec celui qui, selon la formule de Saint Augustin, aime et fait ce qu’il veut…attitude beaucoup plus aventureuse et difficile . En effet il n’y a rien de plus exigeant que l’amour puisqu’il est don de soi même, et qu’à l’exemple du Christ il n’exclut personne pas même les ennemis.
Contrairement donc au petit bourgeois satisfait de lui et encroûté dans son confort médiocre, il est impossible d’être chrétien à moitié ou modérément.
Deux alternatives se présentent alors :
Ou l’homme refuse Dieu, ou bien il égorge le bourgeois tapi en lui qui l’empêche d’aimer.
Le vrai bon chrétien est un chrétien lucide …celui qui se reconnaît pécheur et ne cherche pas à se justifier mais à se vaincre soi même pour apprendre à aimer toujours plus et finalement à trouver le vrai bonheur, celui de la sainteté . Certes ce combat contre lui même implique une ascèse, exercice qui vise à se prémunir contre l’idolâtrie, mais qui n’a rien à voir avec le scrupule puritain qui soupçonne de péché tout ce qui est bon.
Le bon chrétien est en effet un bon vivant ( un saint triste est un triste saint comme le disait Saint Francois de Salle )
Car le christianisme n’est pas la négation du désir mais au contraire, il est le grand assouvissement du désir de l’homme : demeurer en Dieu comme le rappelle le Psaume 62
« Dieu, tu es mon Dieu, Je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi,
Après toi languit ma chair, terre, aride, altérée sans eau »
Le grand mensonge du monde c’est de nous faire croire à une béatitude terrestre à travers l’illusion des idéologies ( aujourd’hui le wokisme ou le transhumanisme )
Ce sont des rêveries fondées par l’homme pécheur, incapable de comprendre l’homme tant qu’il n’a pas reconnu son propre péché, et tant qu’il n’a pas reconnu son Sauveur.
Le christianisme est basé sur le réel : il assume la nature, et pécheresse, et mortelle de l’homme.
Ainsi il n’est ni une fuite en-deçà de la mort : n’y pensons pas… (et quand la mort sera là, nous ne serons plus) ni une fuite au-delà de la mort : ne pensons qu’au ciel.
Il rappelle sans cesse la bonne nouvelle ( évangile ) : c’est en aimant, c’est-à-dire en réalisant ce pourquoi nous sommes faits que nous serons heureux dès ici bas.
.