Voila un livre incandescent, dans la droite ligne des précédents ouvrages de l’auteur. On y découvre que le mal - jamais bien éloigné du bien - n’est pas son contraire, mais son singe, sa caricature.
« Le mal c’est l’impatience du bien » dit Tertullien ;
c’est l’impatience d’un bien qui va nous être donné, mais que nous arrachons au lieu d’attendre de le recevoir, comme Adam et Eve au jardin d’Eden.
C’est ainsi que cet amour vrai, cet amour-agapé, l’aspiration la plus profonde inscrite au fond de notre coeur, va être singé et, de ce fait, défiguré de multiple façons, en particulier par cette caricature grimaçante qu’est la pornographie, qui prend au piège ce désir infini de l’infini.
Elle est en effet l’image fausse d’un désir vrai : celui d’être « tout à tous », celui qu’avait celle qui avait « beaucoup aimé », Marie Madeleine, la pécheresse convertie.
La pornographie c’est prendre l’autre pour se l’approprier, dans l’immédiateté de son désir alors que
l’amour vrai, c’est recevoir en soi sans réduire à soi,
c’est brûler d’un désir qui renonce par amour à consumer l’autre, c’est patienter au seuil de l’être aimé, comme on l’est quand on est en prière .
La pornographie, c’est la joie de scandaliser l’innocence, c’est « une machine à faire tomber les anges du ciel, et un ange qui chute c’est proprement luciférien » .
Dieu s’est alors fait l’un de ces petits, pour nous redonner cette innocence.
Dieu s’est fait offrande pour nous apprendre par sa passion la patience de La Croix.
Dieu s’est fait nourriture pour nous et, en se laissant manger, il nous touche là où le péché nous a blessé.