Que sont ces fameuses illusions dangereuses ?
L’auteur montre dans cet ouvrage que celles ci reposent essentiellement sur l’idolâtrie …non pas sous la forme d’un dieu comme on le voit dans l’Antiquité, mais sur l’idolâtrie de soi même…tel Narcisse qui se perd dans la contemplation de son propre reflet idéalisé.
Mais paradoxalement cette nouvelle idole est victimaire…Et alors que normalement, c’est plutôt l’idole qui exige des victimes, ici c’est la victime même qui devient l’idole par excellence.
Toutes les idéologies contemporaines partent de ce principe : la victimisation des « minorités opprimées » qui donne lieu à ces nouvelles accusations de phobies en tous genres, véritable cage aux phobes selon Philippe Muray.
Il ne s’agit donc pas ici de mettre fin aux rapports humains fondés sur la domination mais simplement de retourner le rapport de force : le héros d’hier ( l’homme blanc conquérant ) devient le salaud d’aujourd’hui et la victime, nimbée automatiquement d’une vertu d’innocence et de pureté, devient le nouveau modèle qui doit imposer ses vues à l’ensemble de la société.
C’est ainsi que la cancel culture et le wokisme s’imposent peu à peu à nos contemporains.
Mais cette idéologie victimaire ne date pas d’aujourd’hui.
L’auteur l’illustre en montrant comment ces deux célèbres idéologies du XXe siècle que sont le communisme et le féminisme essentialiste, ne sont en définitive que des perversions des idéaux chrétiens, autrement dit des caricatures de la kénose christique.
Pour le résumer très succinctement :
Le péché originel est pour l’un le capital , pour l’autre le patriarcat
L’agneau immolé est pour l’un le prolétariat, pour l’autre l’être femme
Le péché devient alors une simple question que l’on pourra liquider par la lutte des classes ou la lutte des sexes et le monde devenu dangereusement limpide, avec les bons d’un côté les méchants de l’autre, permet aux « bons » de s’innocenter en toute sincérité tout en jetant l’anathème sur les « mauvais » qui devront confesser leur forfait devant le tribunal de la pensée dominante.
Mais bien sûr la réalité est beaucoup plus complexe …. comme le dit Soljenitsyne : « il n’y a pas les méchants d’un côté et les bons de l’autre mais la frontière entre le bien et le mal passe à l’intérieur de chacun de nous »
D’autre part on ne peut dissocier la notion de victime, de la réalité du sacrifice de la Croix, c’est à dire du don de soi par amour. En effet le Christ, la victime par excellence, nous le rappelle : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Par conséquent Le salut de l’homme - qui passe par ce don de soi - ne trouvera son plein accomplissement que dans l’éternité.
C’est pourquoi ceux qui promettent des lendemains qui chantent ne proposent en fait que des illusions dangereuses, des ersatz de paradis, fantasmés parce que limités aux pauvres moyens de l’humanité pécheresse, incapable de se sauver par elle même.
Il n’y a donc pas de salut possible sans le Christ pas plus qu’il n’y a de paradis sur la terre.
Et en effet on le constate : Celui qui veut faire de la Terre un paradis, en fait un enfer parce qu’il demande au temps d’accomplir les promesses d’éternité ( Benoit XVI )
Ou encore l’enfer c’est se croire au paradis par erreur ( Simone Weil )
La seule alternative à cette arnaque moderne est de ressusciter ce qui a été perdu, non en regardant en arrière vers un passé idéalisé , « le bon vieux temps » , vers un âge d’or qui de toutes façons n’a jamais existé, mais en avançant sur LE chemin qui même à LA vérité qui se révèle toujours nouvelle
Car la Résurrection est un retour à la vie, à la vie en abondance.