Ici, l’ambition de ce pasteur est explicitement de “dire la foi des chrétiens, en termes simples et essentiels aux croyants et aux non-croyants” (p. 9.). Les articles du Credo sont donc écrits en des termes très clairs et d’une grande profondeur, et le tout agrémenté d’un art poétique évident. Chacun d’entre eux se conclu par une prière, invitant ainsi le lecteur à mieux entrer dans le Mystère. Le texte est émaillé de nombreuses citations, bibliques fort souvent, mais pas toujours.
Certes, quelques rares passages ont pu me décevoir, un peu. Telle la conclusion de celui très fort sur le drame d’Auschwitz. L’auteur part d’un texte d’Elie Wiesel. Au cri qui retendit dans les baraquements : "où est ton Dieu ?", un déporté répond : "Il est là, c’est Lui qui est pendu à cette potence" (La Nuit). Trois interprétations sont possibles à ce cri, explique Bruno Forte. Pour l’athée : Dieu est mort et donc toute vie, petite parenthèse avant la mort, est absurde. Pour le résigné : Dieu est absent, loin dans le ciel, Il n’est pas amour. Enfin, une troisième interprétation est possible, articulée sur le commentaire de Saint Paul lui-même, à la parole “Maudit soit celui qui pendu au gibet” (Ga. 3, 13). Elle est de dire que Dieu est mort, oui, mais pendu au bois de la Croix, pour porter la souffrance des hommes, de chaque homme, parce qu’Il est amour et ne nous abandonne pas dans la mort. Formidable passage à méditer (cf. pp. 38-40) !
Mais l’auteur conclut ainsi "Dans le récit de la passion du monde, il n’est pas question de proclamer un Dieu ressuscité (…)" (p. 41). On le comprend fort bien, s’il s’agit par là de réfuter une foi claironnante, artificielle et plaquée. Ceci dit, si justement dans ce contexte atroce, nous éliminons l’annonce de la Bonne Nouvelle, que l’Histoire ne s’arrête pas là, que Dieu était mort mais qu’Il est vivant pour toujours, si on s’en arrête à la seule "compassion" et on élimine la Seigneurie du Christ sur la mort, alors tout risque de devenir, soit effectivement absurde, soit alors un sacrifice de plus, dérisoire... "Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi" (1 Co 15, 14).
Bien entendu le livre ne s’arrête pas là, loin de là, et cette annonce vivifiante du Kérygme, le Père Forte la reprend dans le reste de son ouvrage continuellement. Ce magnifique petit livre est donc à recommander à tous, à lire et à relire.
Si vous me le permettez, une dernière petite critique, bien terre à terre cette fois et qui s’adresse à l’éditeur : le prix du livre ! 14,90 € pour un format poche, c’est beaucoup…