Seulement voilà, le virus en a décidé autrement et la belle illusion a volé en éclat : la mort existe et nous l’avons rencontrée...brutalement.
Le fameux principe de précaution fut alors érigé en maître absolu. Il ne fallait plus s’aimer les uns les autres mais se protéger les uns des autres. Il fallait refuser de vivre vraiment pour ne pas risquer de mourir...
Cette méditation sur la mort est en définitive un hymne à la vie et à la beauté que lui confère le risque
En effet, comme le disait Simone Weil : le risque est un besoin essentiel de l’âme. L’absence de risque suscite une espèce d’ennui qui paralyse autrement que la peur… mais presque autant.
Cette peur, qui a paralysé nos contemporains, vient justement d’une négation des désirs de l’âme, qui aspire non pas à une vie sans risque, faite d’une réitération de plaisirs fugaces, mais à l’éternité d’une joie profonde qui comble véritablement.
C’est l’absence de cette espérance qui a trouvé nos contemporains si démunis devant la mort...
Or, cette crise est peut être l’occasion de lui redonner sa réalité existentielle que l’humanité avait perdue : non pas une fin, une chute dans le néant, mais un passage d’une vie à une autre.
Alors tout changerait, en commençant par l’accompagnement des mourants eux-mêmes, à qui l’on rendrait une véritable dignité... non celle de choisir sa mort, comme le revendiquent les tenants de l’euthanasie, mais de pouvoir vivre ses derniers instants entourés de l’amour des siens, de pouvoir accueillir et donner son pardon...
Ensuite, toute la vie serait orientée à la préparation de ce passage. On cesserait de vivre à la surface de soi-même en découvrant l’image de Dieu dans l’intimité de son cœur.
C’est parce que l’être humain est créé à l’image de Dieu, et aimé de manière unique, qu’il est une personne infiniment digne
La personne, contrairement à l’individu, n’accède au sens de son existence que dans la relation, et ne se révèle que par le don - don qui nous précède, car c’est lui qui nous a fait émerger du néant.
C’est pourquoi Jésus nous dit : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (et non : protégez-vous les uns les autres)
Aimer est en effet l’action la plus grande que l’on puisse poser, car elle nous engage, au-delà de la mort, à consentir à la vie.