Le Pape François vient de reconnaître les vertus héroïques de Marthe Robin, une femme extraordinaire qui a vécu jusqu’au bout ce chemin de l’abandon, un chemin qui, passant par le feu de la Croix, ne peut mener qu’à la sainteté. En effet, "toute notre vie repose entre les mains de notre Père des cieux (…), elle dépend à toute heure de lui.", disait-elle.
Un chemin pour les « petits » audacieux basé sur une confiance absolue en la divine providence, c’est à dire un vrai chemin de foi fondé sur le plan providentiel de Dieu et son amour miséricordieux. Car, explique le Catéchisme de l’Eglise catholique : "La sollicitude de la divine providence est concrète et immédiate, elle prend soin de tout, des moindres petites choses" (n°303).
Rien à voir avec le « lâcher prise » égocentrique qui est à la mode actuellement : "l’abandon à l’école de la petite Thérèse ne conduit pas à la fuite du réel pour moins en subir les atteintes. L’enjeu est, au contraire, de plonger au coeur du réel, de l’évènement qui est habité de la présence invisible mais victorieuse du Christ" (p. 31, in Joël Guibert, L’abandon à Dieu, un chemin de paix, à l’école de la petite Thérèse, 159 p., 15 €.).
« Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants ; au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle.
Nous sommes dans un siècle d’inventions maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Eternelle : Si quelqu’un est TOUT PETIT qu’il vienne à moi » (Pr 9,4). Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66,12-13) Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux « chanter vos miséricordes. (Ps 89,2) » (Manuscrit C, 3r)
De très nombreux auteurs se sont inspirés de ce « texte charte » pour développer une véritable « école de l’abandon », on parle même de « doctrine de l’abandon ».
De ce texte le père Joël Guibert quant à lui dégage cinq « conditions » pour s’abandonner dans les mains de Dieu : le désir de la sainteté, la conscience de son impuissance, l’ascenseur divin, la petitesse et enfin la confiance. A ceci il ajoute « trois temps » : accueillir, faire confiance, s’abandonner. Trois phases qu’il développe ensuite largement.
Mais au fond, "Le grand ennemi de l’abandon, c’est finalement nous-mêmes, qui avons construit notre vie sur la confiance unilatérales en nos propres oeuvres. Il nous faudra bien des combats des agonies de la volonté, pour que Dieu nous délivre de ce moi qui résiste tant à sa grâce" (p. 103).
Bref, voici un petit livre à lire et à relire afin que la Petite Thérèse nous conduise sur ce chemin de l’abandon, certainement le plus rapide qui nous conduise à la sainteté, mais sans doute pas le plus facile.