lors de son tout récent voyage en Angleterre comme partout ailleurs… Relisons-le encore : "Et si Dieu n’existe pas, si Dieu n’est pas une instance accessible à l’homme, il ne reste comme instance suprême que le consensus de la majorité qui devient le dernier mot auquel nous devons obéir. Et ce consensus – nous le savons depuis l’histoire du siècle dernier – peut également être un “consensus du mal“. La soi-disant autonomie ne libère pas véritablement l’homme. L’obéissance à Dieu est la liberté, car elle est la vérité, elle est l’instance qui nous place face à toutes les instances humaines."
Et d’expliquer comment dans l’histoire, les paroles de Pierre et de Socrate, qu’il faut obéir à Dieu et non hommes, ont tant fait pour la libération de l’homme. "Les dictatures ont toujours été contre cette obéissance à Dieu. (...) Aujourd’hui, il existe des formes subtiles de dictatures : un conformisme qui devient obligatoire, penser comme tout le monde, agir comme tout le monde, et les agressions subtiles contre l’Église, ainsi que celles plus ouvertes, démontrent que ce conformisme peut réellement être une véritable dictature" (Benoît XVI, à la Commission biblique pontificale le 15 avril 2010).
Or, si nos démocraties décident de s’en prendre aussi directement à l’objection de conscience, elles se transforment sans conteste en véritables dictatures des consciences…
Déjà Jean-Paul II, dans son encyclique Evangelium vitae, écrivait à propos de l’objection de conscience si chère au personnel sanitaire : "Refuser de participer à la perpétration d’une injustice est non seulement un devoir moral, mais aussi un droit humain élémentaire. S’il n’en était pas ainsi, la personne humaine serait contrainte à accomplir une action intrinsèquement incompatible avec sa dignité, et ainsi sa liberté même, dont le sens et la fin authentiques résident dans l’orientation vers la vérité et le bien, en serait radicalement compromise. Il s’agit donc d’un droit essentiel qui, en tant que tel, devrait être protégé par la loi civile elle-même.
Dans ce sens, la possibilité de se refuser à la phase consultative, préparatoire et d’exécution de tels actes contre la vie devrait être assurée aux médecins, au personnel paramédical et aux responsables des institutions hospitalières, des cliniques et des centres de santé. Ceux qui recourent à l’objection de conscience doivent être exempts non seulement de sanctions pénales, mais encore de quelque dommage que ce soit sur le plan légal, disciplinaire, économique ou professionnel" (n. 74).
Mgr Jean Laffitte, l’auteur de Tolérance intolérante ? Petite histoire de l’objection de conscience maitrise parfaitement son sujet. Docteur en théologie morale, il est actuellement secrétaire du Conseil pontifical pour la famille, après avoir été vice-président de l’Académie pontificale pour la vie. Il avait alors publié, avec Monseigneur Elio Sgreccia, La conscience chrétienne au service du droit à la vie (actes de la 13ème assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie, 2008, ed. Edifa –Mame, 237 p., 25 €).
A la suite de cet ouvrage de référence, il a donc décidé de publier un petit pamphlet plus accessible au grand public. Si le travail est excellent, le constat est alarmant.
L’éditeur présente ainsi cet excellent ouvrage : Le droit à l’objection de conscience existe-t-il encore aujourd’hui ? La conscience, en invoquant le respect d’une loi divine ou de valeurs morales supérieures, peut-elle se placer au dessus de la loi civile, au risque de mettre en péril l’équilibre social ? C’est le problème posé à nos sociétés par l’objection de conscience.
Ce droit à l’objection de conscience, déjà invoqué dans l’Antiquité, continue d’être revendiqué aujourd’hui, en particulier pour le refus du port des armes, et plus récemment dans le domaine médical autour des questions liées à la défense de la vie (avortement, euthanasie, etc.). Dans nos sociétés qui prétendent évoluer vers des systèmes politiques et idéologiques plus tolérants, on s’attendrait à ce que l’objection de conscience fût accueillie avec une certaine bienveillance. Il n’en est rien. Ce droit semble même aujourd’hui en péril.
L’auteur montre avec finesse que nos sociétés idéologiquement tolérantes ne peuvent finalement tolérer l’objection de conscience. Pour cela, il décrypte l’évolution historique du concept de tolérance et de la pratique de l’objection de conscience à travers quelques grandes figures qui ont accepté la mort par obéissance à une exigence intérieure plus forte : Socrate, Cyprien de Carthage ou Thomas More.