L’air de ne pas y toucher, le titre du livre dit tout l’enjeu du paradoxe de ces deux mots joints : Éternité-Histoire, dans lequel va nous entraîner l’auteur, pour en extraire une étude sur plusieurs niveaux : philosophique, théologique, spirituel.
Autant dire tout de suite que l’on ne s’ennuie pas au cours de cette enquête... pas toujours de tout repos pour nos cellules grises, mais passionnante !
Comment concevoir l’éternité autrement que par notre expérience humaine ?
N’existant que dans le temps, nous ne pouvons en effet imaginer l’éternité que comme durée infinie... Mais, comme le faisait remarquer avec humour Woody Allen : « l’éternité c’est long, surtout vers la fin ».
Or, Dieu étant créateur du temps et donc hors du temps,
il faut alors envisager l’éternité divine comme illimitation - absence de commencement et de fin - d’une part, et actualité absolue d’autre part.
Dieu est par conséquent à la fois : plénitude, immuable (éternellement jeune), actuel, et du coup, sujet de liberté capable de créer du nouveau dans l’histoire.
Créé à son image, c’est à dire libre, l’homme est lui aussi capable d’être créateur d’histoire. Il n’est pas soumis à un Destin, ni à un quelconque « Sens de l’Histoire » comme le laisseraient entendre certaines philosophies.
En effet, celles-ci, ne retenant qu’un Dieu immuable et universel, rejetant l’idée - jugée somme toute trop naïve et anthropomorphique - que Dieu soit aussi actuel et personnel, nient que Dieu intervienne dans l’Histoire.. et à plus forte raison, qu’il se soit fait Homme pour nous sauver.
Jésus en effet, Emmanuel « Dieu avec nous », est l’événement absolu qui accomplit et transcende toute l’Histoire.
Par sa mort et sa résurrection, Il a tout récapitulé, et c’est en fonction de ce fait unique que tous les autres événements de l’histoire prennent sens.
Le Salut est une histoire qui va d’Adam au Christ. Mais en même temps, le sacrifice du Christ sur la croix est à la fois source et réalisation de notre salut, sans cesse actualisé dans le sacrement de l’Eucharistie.
Ce salut a une valeur universelle (Dieu s’est plu à réconcilier tous les êtres) et en même temps intimement singulière (Christ m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. Gal 2, 20).
Être chrétien, ce n’est donc pas adhérer à une doctrine, mais vivre une histoire d’amour avec ce Dieu personnel, s’émerveiller devant ce don en remontant de cette générosité à la source toujours jaillissante dont parle Jésus à la samaritaine.
Ainsi, être chrétien, c’est rejoindre Dieu dans l’instant présent, tout en s’attachant à ce qui demeure,
c’est participer dès ici-bas à la vie divine de la sainte Trinité en perpétuelle communion d’amour.
C’est commencer à vivre de cette éternité en attendant la rencontre bienheureuse avec Dieu, rencontre à la fois plénière et définitive, tout en étant toujours nouvelle et surprenante, où l’on n’aura jamais fini de découvrir Dieu et l’infinité de son amour.