Et le Père François-Marie Léthel d’insister sur l’importance de « cette grande connaissance du Mystère du Christ dont saint Paul parle dans sa Lettre aux Ephésiens, quand il demande ‘à genoux’ au Père l’abondance du don de l’Esprit Saint pour les fidèles, afin qu’à travers la foi et l’amour ils puissent ‘avec tous les saints, connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance’ ».
Or, c’est bien tout le peuple de Dieu, le peuple des saints, qui est appelé à cette connaissance du Christ et non pas seulement quelques universitaires. L’important est d’être saint, le chemin de la sainteté étant celui de l’humilité et de la conversion permanente à l’Evangile. Telle est la « théologie vécue des saints ». Faut-il rappeler que Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila et Thérèse de Lisieux sont docteurs de l’Eglise sans jamais avoir été à l’université ? Ces saintes ont reçu « le même titre que des saints qui étaient de grands intellectuels, comme Anselme, Thomas, Bonaventure ».
Les saints sont les plus grands théologiens puisqu’ils sont les plus grands « connaisseurs de Dieu ». Ils ont connu, aimé, vu et fait connaitre Dieu. A travers leurs vies et leurs écrits, le Père Léthel part donc à la recherche le visage de Dieu. Ce grand amoureux des saints est prêtre, carme, théologien et français, il enseigne à Rome au Teresianum, il est aussi secrétaire de l’Académie pontificale de théologie et enfin consulteur pour la cause des saints.
Dans son ouvrage, La Lumière du Christ dans le cœur de l’Eglise - Jean-Paul II et la théologie des saints, Retraite de Carême avec Benoît XVI, (oct. 2011, Parole et Silence, Collection Studium Notre-Dame de vie, 306 p., 21,00 €), il s’est intéressé plus spécialement aux saints et saintes qui ont marqués le bienheureux Jean-Paul II : le grand Pape des saints.
Parmi eux, deux occupent une place privilégiée : Louis-Marie Grignion de Montfort qui a inspiré son Totus Tuus et Thérèse de Lisieux, déclarée par lui Docteur de l’Eglise « comme experte en science de l’amour ». Belle occasion pour nous de nous replonger dans leurs écrits !
C’est ainsi qu’au fil des médiations nous avons l’honneur de mieux connaître le coeur de notre très cher Jean-Paul II et notamment son amour exceptionnel pour Marie, sa Mère, notre Mère.
Aussi, avait-il une très grande estime pour la femme et le « génie féminin ». Les saintes sont ainsi particulièrement présentes dans ces méditations : d’abord Thérèse de Lisieux, puis Catherine de Sienne et Jeanne d’Arc, mais aussi pour le XXe siècle deux laïques, l’une mariée et mère de famille, Conchita Cabrera de Armida, déclarée vénérable par Jean-Paul II en 1999, l’autre, une jeune fille de 18 ans, morte en 1990, la bienheureuse Chiara Luce Badano, exemple de ces jeunes qui ont fait leur le message que Jean-Paul II : la vocation à la plénitude de l’amour qui est la sainteté.
Bref, voici un excellent livre à lire et à offrir, volumineux certes, mais que l’on lira et méditera peu à peu pour mieux en savourer toute la profondeur et avancer dans la connaissance du Christ.
Dans un tout autre registre, tout autre style et tout autre volume, il faut recommander un livre très facile à lire et passionnant : Croire au dialogue pour la paix de Jacqueline Rougé (Préface du cardinal Roger Etchegaray, Les Éditions Franciscaines, oct. 2011, 176 p., 16 €).
Il s’agit cette fois du témoignage de vie d’une femme, mariée et mère de quatre enfants, à la destinée exceptionnellement riche et active ; une belle illustration du « génie féminin ». Jacqueline Rougé fut d’abord pendant presque dix ans collaboratrice de Robert Schuman, le « Père de l’Europe ». Elle lui rend un bel hommage dans son premier chapitre : « pionnier de la paix et de la réconciliation » (p. 12) « grand homme d’Etat et chrétien fervent » (p.19). Il est bon de relire ces pages en ces temps où les bases de L’Europe tremblent.
Par la suite, Jacqueline Rougé rencontre le père Lalande, fondateur du mouvement Pax Christi (le dialogue pour la paix, le désarmement universel, le choix des droits de l’homme… -chap. 2-). Elle en sera plus tard vice-présidente, tour à tour avec son mari Michel, haut fonctionnaire souvent amené à séjourner à l’étranger (notamment aux Etats-Unis sur lequel elle nous livre un regard intéressé et intéressant –chap. 3-, au siège des Nations Unies à New York -chap. 5-, ou enfin en Asie –chap.8-).
Pax Christi l’engage définitivement en faveur de paix, à la suite de l’encyclique Pacem in terris et de Vatican II (chap.4), puis du dialogue inter-religieux au sein de la Conférence mondiale des religions pour la paix (chap. 6). Fortement marquée par l’ « Esprit d’Assise », Jacqueline Rougé revient également sur cet événement sans précédent 25 ans après (chap. 7).
Pour conclure l’auteur reprend Benoît XVI : « Celui qui est en chemin vers Dieu, ne peut pas ne pas transmettre la paix, celui qui construit la paix ne peut pas ne pas se rapprocher de Dieu » (Angélus du 1er janvier 2011, cité p. 167).