Saint Paul le déclare avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet » . Il ajoute : Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes (1 Co 15, 14.19). Depuis l’aube de Pâques, poursuit le Saint Père, notre résurrection est déjà commencée, parce que Pâques n’indique pas simplement un moment de l’histoire, mais le début d’une condition nouvelle : Jésus est ressuscité non pas pour que sa mémoire reste vivante dans le cœur de ses disciples, mais bien pour que Lui-même vive en nous et qu’en Lui nous puissions déjà goûter la joie de la vie éternelle. La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe (Benoît XVI, 12 avril 2009).
Dans ce contexte de crise de la foi en la résurrection des mort, et profitant du 700e anniversaire de la venue des papes en Avignon, un petit livre vient de paraitre : Benoît XII, La Vision béatifique. Les auteurs, Christian Trottmann –philosophe- et Arnaud Dumouch –théologien-, y rendent un bel hommage au Pape avignonnais Benoît XII et à son dogme, proclamé en 1336 dans la constitution Benedictus deus, sur la vision béatifique.
L’ouvrage est très intéressant. D’un part du point de vue historique, car il nous replace ce Pape dans le contexte de son époque, loin de toutes les sagas bien souvent racontées à propos du passage des Papes en Avignon, et surtout, il nous explique, de façon fort documentée, la controverse qui entoura la question du devenir des âmes entre leur mort et le retour du Christ en gloire au moment du Jugement dernier. D’autre part d’un point de vue théologique, car il aborde une question de foi vraiment fondamentale. Certes, c’est un livre écrit par des spécialistes, il n’est donc pas toujours facile d’accès et parfois bien technique (surtout en sa partie centrale).
Mais de nombreux chapitres sont parfaitement abordables et nous apprendront beaucoup sur la foi de notre Eglise concernant le moment de notre mort, le premier jugement personnel, le Jugement dernier, ou encore la Vision de Dieu, le purgatoire et l’enfer etc… Un bref extrait à propos justement de l’enfer : « Ainsi, la révélation donnée à l’heure de la mort supprime l’ignorance d’une manière telle que si l’âme s’obstine dans son péché mortel, ce ne peut être qu’en pleine connaissance. Une telle obstination peut paraitre insensée sauf si on comprend ce qu’est la réalité de l’enfer, à savoir un projet réellement fascinant pour l‘égoïste : une vie éternelle centré sur sa liberté individuelle. Face à cela, pour l’égoïste, le paradis du vrai Messie, fondé sur l’humilité d’un amour total, peut être repoussant » (pp. 144-145).