Le Pape initie cette année en publiant une superbe lettre adressée à tous les prêtres , mais que bien entendu tous les fidèles peuvent lire.
Le Pape la commence en citant le saint curé : « Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus ». Et plus loin, reprenant encore Jean-Marie Vianney, il ajoute : « Un bon pasteur -disait-il-, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine. Il parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas à se convaincre de la grandeur du don et de la tâche confiés à une créature humaine : Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait... ».
A propos de la confession, auquel le saint curé était si attaché -il confessait jusqu’à 16h par jour-, le Pape le cite de nouveau : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! ». Et pour conclure : « A un confrère prêtre, il expliquait : Je vais vous dire ma recette. Je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place. »… et il en faisait !
Aussi le Saint Père invite-t-il tous les prêtres d’aujourd’hui à la sainteté, sûr de « l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre entre la sainteté objective du ministère et celle, subjective, du ministre ».
De très nombreux ouvrages ont été publiés sur le saint curé, et cette année qui lui est dédiée en verra certainement de nouveaux.
La référence incontournable, si édifiante, tout en étant facile à lire, même si elle est écrite dans un style un peu suranné, est bien sur la thèse de 1925 de Mgr F. Trochu, Le Curé d’Ars, saint Jean-Marie-Baptiste Vianney, régulièrement rééditée depuis aux éditions Résiac, 650 p., 36 €.
Une mère qui fut une sainte, un prêtre qui prit en charge sa formation qui fut également un saint : comme quoi l’extraordinaire sainteté de notre curé d’Ars fut merveilleusement nourrie dès l’enfance et renforcée par de dures et continuelles épreuves (horreur de la Terreur, mort de sa chère Maman, difficultés terribles à entrer au séminaire, impossibilité à apprendre son latin, obligation à s’enrôler sous Napoléon, déserteur malgré lui !)... Où l’on apprend aussi que les sermons de notre curé ne duraient pas moins...d’une heure (il y avait travaillé toute la nuit). Et à propos de ces centaines de personnes qui débarquaient quotidiennement à Ars pour pouvoir bénéficier d’une sainte confession et de conseils, Catherine Lassagne (femme qui l’a tant aidée auprès des jeunes filles de la Providence) disait : « Monsieur le Curé, les autres missionnaires courent après les pécheurs, même jusque dans les pays étrangers, mais vous, les pécheurs vous courent après » (p. 306). Bref, une excellente lecture pour cet été.
Un autre ouvrage à lire, devenu un classique : Le Curé d’Ars, un prêtre pour le peuple de Dieu du Père André Ravier, Editions Parole et Silence, 1998, 112 p., 10 €.
Beaucoup de livres pour enfants ont également été écrits, tous inspirés du fameux catéchisme de Jean-Marie Vianney. Chaque jour en effet, dès 6h, les enfants de sa paroisse étaient invités à ses leçons de catéchisme et bien des adultes se battaient pour venir l’écouter. Parmi différents titres, citons : Les Paraboles du Curé d’Ars pour les enfants, de Bernadette Dumont, Editions Fleurus, 2001, 13 €.
Terminons en ce début d’Année sacerdotale, en conseillant de nouveau l’excellent livre du Père Louis Bouyer, Le sens de la vie sacerdotale, Editions du Cerf, réédition 2008, 199 p., 19 €.
Plein d’élan en faveur de l’annonce de la Bonne nouvelle, Louis Bouyer est aussi un maitre qui invite avec force au combat spirituel. Epris d’Ecritures saintes, il prend pour modèles Saint Paul, David, Marie mais aussi le Christ, le Bon Pasteur. « Ce n’est point une »idylle« qu’évoque la parabole du Pasteur. C’est une histoire de sang et de mort : c’est l’histoire d’un meurtre. »Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis« (Jean, 16, 14). Mais qui la lui prend ? Ne sont-ce pas les brebis elles-mêmes qui vont mordre et déchirer le Pasteur ? Dans la parabole, le loup n’est pas quelqu’un d’autre, en effet, que la brebis... Cette histoire dramatique, renversement de la lutte de Jacob avec l’Ange, c’est l’histoire de la lutte contre le Sauver de ceux-là qu’il vient sauver, et d’abord de sauver d’eux-mêmes, mais qui ne se laissent point sauver sans meurtrir et sacrifier, dans leur inconscience, leur propre Sauveur. (...) Lutte tragique, en effet, s’il en est, où l’on lutte pour sauver l’autre, où l’on s’offre soi-même à sa fureur, pour qu’elle ne puisse se tourner contre elle-même. Et quand le Pasteur a trouvé, retrouvé, délivré la brebis, il la conduit. Il la conduit, c’est-à-dire qu’il marche devant. (...) On ne conduit pas un troupeau, en effet, en marchant derrière. Comme le disait le curé d’Ars : quand le Pasteur est saint, le troupeau est fidèle ; quand lui est fidèle, le troupeau n’est pas tiède, et quand le Pasteur lui-même est tiède, le troupeau n’est que lâche. » (pp. 196-197). Le thème donné pour cette année 2009-2010 est justement « Fidélité du Christ, fidélité du sacerdoce ».