Les Pères de l’Eglise, ces grands théologiens des premiers siècles de notre ère, nous ont laissé une théologie de la guérison présentant Jésus à la fois comme Messie qui nous sauve et comme médecin qui nous guérit. Dans l’ouvrage du prêtre orthodoxe Jean-Claude Larchet, déjà recensé sur ce site (Thérapeutique des maladies spirituelles, une introduction à la tradition ascétique de l’Eglise orthodoxe, Cerf, 2008, 6éme ed., 848 p., 54,10€.) nous avons une véritable somme des Evangiles de la guérison. Le livre est excellent mais un peu difficile d’accès.
Deux autres auteurs s’en sont largement inspiré pour écrire un ouvrage plus court, plus facile à lire, nous pourrions dire « plus pastoral », mais non moins éclairant : La guérison des maladies de l’âme d’Alphonse Goettmann et sa femme Rachel (préface d’Olivier Clement, Presses de La Renaissance, Coll. Asketes, 2011, 264 p.). Ce livre est l’heureuse réédition de l’ouvrage plus ancien Ces passions qui nous tuent, diagnostic et remèdes" (ed, Presses de la Renaissance, 1998, 246 p.), légèrement enrichi.
Alphonse Goettmann est prêtre orthodoxe. Depuis plus de 25 ans, il anime avec son épouse le centre de rencontres spirituelles « Béthanie » près de Metz.
« Il n’y a pas de vie sans passion », certes, mais le péché originel a perverti le cœur de l’homme et l’a rendu esclave du démon. Leur livre est percutant et il aidera tout un chacun à « avoir les yeux clairs », c’est-a-dire à discerner ce qui vient de Dieu et ce qui vient du diable, en commençant par les pensées. Merveilleuses citations que celles des Peres de l’Eglise ! Belle progression au cœur de ces passions en commençant par la gourmandise (qui est loin d’être un péché mignon), en passant par la colère, l’avarice, la tristesse ou l’acédie, autant de pièges qui détournent l’homme de la vraie vie.
L’homme n’est vraiment homme que s’il répond à la vocation divine qui constitue le fond même de son être. L’ouvrage des Goettmann analyse ainsi ces nombreuses « passions » et propose, à la lumière de la foi, une « thérapie spirituelle », avec les moyens de combattre ce qui, en l’homme, s’oppose à Dieu. Car le chemin loin d’être désespérant, ou culpabilisant nous conduit au Christ sauveur : le Christ médecin venu pour « guérir ce qui était blessé »....Car "ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je suis venu appeler à la repentance, non les justes mais les pécheurs" (Mc 2, 17).
L’un des chapitres les plus beau est sans doute celui consacré à la tristesse « une passion mortelle » dans laquelle les hommes et les femmes de ce siècle se complaisent bien souvent. Or, citant à diverses reprises saint Jean Chrysostome, les auteurs expliquent que "Nos joies et nos tristesses viennent moins de la nature même des choses que nos propres dispositions« . D’autant que s’adonner à la tristesse c’est faire le jeu du diable. En effet »Il n’a pas entre les mains d’armes plus redoutables que le désespoir, aussi lui faisons-nous moins plaisir en péchant qu’en désespérant« . Mais si »la tristesse du monde produit la mort« (2 Co 7, 10), »Ta parole, Seigneur guérit tout" (Sg 16, 12)...