Et la nuit devient lumière. Dom Samuel

1er novembre 2022

Au fil de la plume l’auteur, supérieur de l’abbaye de Novy Dvür en République Tchèque, entré au monastère à 20 ans suite à sa conversion, livre dans cet ouvrage son expérience de 35 ans de vie monastique .

Tour à tour il nous confie ses doutes, ses combats et ses joies, ou nous éclaire de ses conseils, de ses exhortations parfois, le tout émaillé par la parole de Dieu, notamment les psaumes…

C’est d’ailleurs au Psaume 138 que le titre de l’ouvrage est emprunté :

J’avais dit les ténèbres m’écrasent / Mais la nuit devient lumière autour de moi

Les psaumes, véritable condensé des sentiments humains, montrent en définitive combien Dieu éprouve le cœur de l’homme pour le purifier comme l’or passé au creuset, et lui rendre ainsi sa beauté première.

Ainsi plainte et cri d’appel vers Dieu alternent avec une confiance filiale pour finir dans la joie de la louange.

Nos déserts sont donc des lieux où Dieu, comme un pédagogue, nous conduit progressivement de l’esclavage à la liberté, cette liberté initiale que nous avons perdu par le péché.

Mais bien souvent, tel le peuple hébreu, nous sommes tentés de revenir à notre esclavage plus confortable que notre liberté.

Or péché c’est justement se tromper de cible… c’est oublier la Terre Promise, la seule qui puisse nous rendre heureux. Mais Dieu, lui, est fidèle, et il accompagne toujours notre marche ténébreuse de Sa Lumière.

En effet le Christ est la lumière venue éclairer tout homme

et cette lumière a deux objectifs : dissiper les ténèbres mais aussi les révéler ; car Satan le prince des ténèbres excelle dans l’art de se cacher.

C’est pourquoi nous devons sans cesse demander à Dieu, comme l’aveugle de l’évangile, « Seigneur fais que je voie »…

Révèle le mal caché - en moi : réveille ma conscience endormie - et autour de moi : fais de moi un veilleur qui sache démasquer et dénoncer le mal tapi dans le monde ; notamment les contrefaçons de l’amour qui transforme le don gratuit en captation et en domination.

C’est d’ailleurs à cause de contrefaçons devenues caricatures de Dieu - un dieu tutélaire, arbitraire et tout puissant - que l’homme moderne s’est détourné du vrai Dieu Tout Amour.

Du coup il est tombé dans le piège inverse : croire qu’il peut tout maîtriser pour assurer par lui même son bonheur sur Terre.

Le Chrétien évite ces pièges grâce à l’espérance qui l’anime : celle ci en effet n’est ni une fuite dans une certitude éloignée : un monde parfait dans l’au delà, ni un espoir illusoire de lendemains qui chantent ici bas…

L’espérance est mémoire de l’avenir

en ce sens qu’elle est un élan, un moteur pour faire vivre le Royaume au présent sachant qu’il ne sera pleinement accompli que dans l’éternité.

Pour être fidèle à cette mission, l’auteur nous exhorte à la fidélité de la prière…

Mais attention avertit-il, prier ce n’est pas avoir de bonnes vibrations : prier est un labeur, c’est rencontrer quelqu’un qu’il faut écouter longuement dans le silence…

La prière c’est la terre qui s’efforce d’embrasser le ciel - dit il encore - de saisir le rayon de ténèbres qui l’éclaire mais c’est surtout le ciel qui embrase la terre

Seigneur que sur moi s’illumine ton visage !